« Cette année 2023, l’exposition réunit, dans les espaces muséaux du Palais d’Iéna, deux artistes aux carrières exceptionnelles et leurs créations, Daniel Buren (Boulogne-Billancourt, France, 1938) : Allegro, ma non troppo, travail in situ, 2023 et Michelangelo Pistoletto (Biella, Italie, 1933) : Divisione –
Moltiplicazione
, 2023. Depuis le tournant des années 1960, les deux artistes sont présentés dans les principaux musées, institutions et galeries que compte la scène internationale. Le projet, sur l’invitation de l’historien de l’art Matthieu Poirier et avec le soutien de la Galleria Continua, sera pleinement révélé lors de l’inauguration publique, le 17 octobre. Il s’agit d’une relation inédite, pensée et réalisée en regard des particularités du palais construit par Auguste Perret en 1937, de ses points de vue, de ses espaces monumentaux, de la polychromie subtile de ses bétons bruts, de sa luminosité particulière, de ses environs urbains, de ses jeux de perspectives ou de niveaux, ou encore de sa symétrie complexe. Les particularités de la démarche de ces deux plasticiens se prêtent à cette invitation. »

– Matthieu Poirier

Le projet est soutenu par Galleria Continua (San Gimignano, Pékin, Les Moulins, La Havane, Rome, São Paulo, Paris, Dubaï).

Audioguide

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Notice des Élèves de l’École du Louvre

Michelangelo Pistoletto (né en 1933) se rattache au courant de l’arte povera tel qu’il fut défini par Germano Celant en 1967. Daniel Buren (né en 1938) prit part au courant parisien BMPT, qui rêve d’un « degré zéro de la peinture ». Leurs trajectoires dans le domaine artistique les ont conduits à une reconnaissance mondiale auprès de leurs pairs autant que du grand public, distinguant ainsi leurs présences aux Biennales ; celle de Sao Paulo pour Pistoletto en 1967 et Lion d’or pour Buren à la Biennale de Venise en 1986. Pour sa deuxième édition, Paris + by Art Basel, investit pour la première fois le palais d’Iéna, bâtiment emblématique de l’architecte moderniste Auguste Perret, sous l’égide du commissaire d’exposition et historien de l’art Matthieu Poirier, un habitué du lieu. En effet, c’est la cinquième fois qu’il relève le défi d’occuper l’immense espace de béton en collaborant cette année vers la galerie italienne Continua. Il choisit de confronter deux œuvres autonomes, l’une de Buren, l’autre de Pistoletto, afin d’instaurer un dialogue l’une avec l’autre.

Dans la vaste nef, Pistoletto installe huit miroirs montés sur des modules blancs de trois mètres de haut qui suivent une progression d’ouverture à 180 degrés. Depuis sa première occurrence en 1973 dans l’église de San Sicario, le miroir représente une constante dans son travail et lui permet d’incarner un propos tout à la fois artistique et social. Sur ces miroirs, un signe de l’infini augmenté d’une troisième boucle centrale plus grande que les autres. Il s’agit du symbole du « Terzio Paradiso », le « troisième Paradis », symbiose de l’Homme et de la Nature. Inventé par Pistoletto, il lie notre reflet avec celui des autres visiteurs dans un espace immatériel démultiplié et baigné d’une lumière colorée aux anamorphoses triangulaires, effet de l’installation par Daniel Buren de vinyles jaune, rose, rouge, bleu et vert sur les majestueuses fenêtres du lieu. Parmi ces motifs géométriques, se trouvent quatre bandes verticales, une grammaire formelle caractéristique de son travail depuis les années 1960.

C’est avant tout un rapport à la temporalité que le duo d’artistes propose aux visiteurs, renouant ainsi à la volonté originelle de son architecte : faire du passage dans ce palais un lieu hors du temps grâce à la puissance créative d’artistes. La simplicité déconcertante des œuvres, synonyme de précision, rappelle l’art minimal. Buren et Pistoletto jouent avant tout avec nos sens, en parfaite accord avec la phénoménologie de la perception, outil à part entière dans l’art, selon Matthieu Poirier.

Olga Mikhailovna Kolobov-Berger

Océane Petit

Marion Desramaut

Daniel Buren

À propos de l’artiste

Né en 1938 à Boulogne-Billancourt, France

Daniel Buren vit et travaille in situ. Il développe, à partir de 1960, une peinture radicale qui joue à la fois sur l’économie de moyens mis en œuvre et les rapports entre l’œuvre et son lieu d’exposition. En 1986 est réalisée l’œuvre Les Deux Plateaux pour la cour d’Honneur du Palais-Royal à Paris. La même année, il remporte le Lion d’or à la Biennale de Venise. Il fait partie des artistes les plus actif∙ive∙s et reconnu∙e∙s de la scène internationale. En 2007, Daniel Buren a reçu le Præmium Impériale pour la peinture.

Photo-souvenir: Daniel Buren ©️ DB-ADAGP Paris - Photo de Lorenzo Fiaschi.

Michelangelo Pistoletto

À propos de l’artiste

Né en 1933 à Bielle, Italie

Michelangelo Pistoletto est l’un des artistes contemporains les plus influents de sa génération. Son intérêt pour l’autoportrait se traduit par ses Quadri Specchianti (tableaux miroirs), qui incluent directement le∙la spectateur∙rice et le temps réel dans l’œuvre. Dans les années 1990, avec la création de Cittadellarte – Fondazione Pistoletto, il met en relation active l’art avec différentes sphères de la société, dans le but d’inspirer et de produire un changement socioculturel responsable. En 2004, l’artiste a annoncé la phase la plus récente de son travail, « Terzo Paradiso » (« Troisième Paradis »).

Michelangelo Pistoletto, Galleria Continua, Beijing, 2018 - Photo by: Oak Taylor-Smith

Matthieu Poirier

À propos du commissaire

Matthieu Poirier, Dr. Pr. (1976) est historien de l’art. Spécialiste de l’art abstrait, il est titulaire d’un doctorat de l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV), où il est qualifié maître de conférences.

Il a enseigné à l’université de Paris-Sorbonne et a été professeur d’histoire de l’art moderne à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris-Cergy et à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris.

Auteur et rédacteur en chef de nombreuses publications, il a organisé de nombreuses expositions, telles que « Lucia Koch », « Suspension. Une histoire de la sculpture abstraite suspendue. 1918-2018 », « Artur Lescher », « Carlos Cruz-Diez » (Palais d'Iéna), « Dynamo. Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art. 1913-2013 » (Galeries Nationales du Grand Palais), « Hans Hartung » (Perrotin New-York), « Soto. Rétrospective" (Musée Soulages), « Spectres » (Roesler Hotel, São Paulo), et « Sous le motif » (Collection d'Art Société Générale, Paris-La Défense).

Il a été conseiller scientifique pour des expositions au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, au Museo Reina Sofia, au Louisiana Museum, à la Tate Modern, au Palais de Tokyo et au Palazzo del Monte di Pièta à Padoue. Il est membre de l’Association internationale des critiques d’art (AICA) et de l’Association internationale des conservateurs d’art contemporain (IKT).

Portrait par Marion Berrin pour Art Basel.