Vers des horizons inconnus avec l’artiste Sheila Hicks

Propos recueillis par Ingrid Luquet-Gad

Le galeriste Frank Elbaz raconte la genèse du projet de la sculptrice américaine, présenté sur le parvis de l’Institut de France

Lisez notre article sur le projet de Sheila Hicks sur le parvis de l’Institut de France sur Art Basel Stories.

« L’infini, c’est la notion qui constitue l’essence de la colonne érigée par Sheila Hicks sur le parvis de l’Institut de France.

L’infini comme limite aussi indéfinissable qu’inatteignable, l’infini comme une manière d’aller tutoyer le ciel, l’infini comme promesse de découvertes inattendues et d’aller arpenter l’inconnu.

Tout comme la Colonne sans fin (1938) de Constantin Brancusi, la sculpture de Sheila Hicks s’impose dans une verticalité qui vient défier l’espace en semblant en repousser les frontières, en faisant mine d’aller « crever le plafond », comme s’il s’agissait de s’élancer en un mouvement ascensionnel direct afin d’espérer atteindre un au-delà indéfinissable.

Ce sont des pigments minéraux venus de Turquie qui, associés à de l’acrylique, permettent de constituer la fibre qui elle-même, une fois torsadée, donne naissance à des fils venant édifier l’ensemble. À travers un processus d’addition de la matière – et non de soustraction comme souvent dans la sculpture –, qui de même confine à l’idée d’avancer vers l’infini, la colonne mêle une variété de coloris conférant au tout un caractère changeant, en fonction de la rotation à 360 degrés qui s’opère.

Ce faisant, l’œuvre devient évolutive et changeante, délivrant des images et des perceptions qui elles aussi semblent devoir être infinies. »

- Frédéric Bonnet

Le projet est présenté par la galerie frank elbaz (Paris), Meyer Riegger (Berlin, Karlsruhe) et Massimo Minini (Brescia).

Sheila Hicks

À propos de l’artiste

Née en 1934 à Hastings, USA, vit et travaille à Paris, France.

Depuis la fin des années 1950, Sheila Hicks produit une œuvre impossible à classifier : elle noue, enveloppe, plie, tord, empile la laine, le lin ou le coton, questionnant par la même occasion les catégories artistiques et leurs hiérarchies convenues. Élève de Josef Albers à Yale, Sheila Hicks est l’héritière à la fois d’un esprit moderniste pour lequel les distinctions entre Bel Art, design et décoration ne sont plus essentielles, et de pratiques textiles inspirées de l’Amérique précolombienne.

Si Sheila Hicks a choisi le textile, c’est parce que, du vêtement au support de la noble peinture, en passant par le mobilier et la décoration, il est l’un des matériaux que la vie, au gré d’expériences fort diverses, met constamment sur notre chemin. Il permet aussi aux œuvres de rester vivantes, de prendre des formes différentes à chaque présentation. Ductile, tactile, le travail de Sheila Hicks occupe une place singulière dans l’art de notre temps. Il marie formes typiques du modernisme et traditions non occidentales, jeu des couleurs et désir de garder les œuvres ouvertes, susceptibles de nouvelles actualisations à chaque présentation.